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REGISTRES DU BUREAU
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tenuz et qui vous appartient, pour estre princesse yssue de la couronne et maison de France, acom-plye de plusieurs graces et dons de nature, et douée de très grandes et très excelentes verluz. Aussi, Madame, pour l'aliance que vous venez prandre en la maison de Monseigneur le duc de Guyse, prince duquel la Ville a receu lant de graces, de faveurs et biensfaictz, et pareillement de Messeigneurs le Reve-randissime cardinal (-) et duc d'Aumalle, ses enffans, que les habitans d'icelle leur en seront perpetuelle­ment tenuz et obligez, et à ceulx qui leur attiennent. A ceste cause, Madame, nous vous présentons les biens de la Ville, tant en general comme en par­ticulier, pour en user à vostre volunté, estans prestz de vous obeyr, ainsi qu'il a pleu au Roy de nous commander. Vous supplians très humblement, Ma­dame, nous voulloir tenir cn vostre bonne grace et avoir les affaires de la Ville pour recommandez en­vers la Magesté du Roy, estans bien asseurez que vous avez de luy telle part, que ceulx qui luy seront de vous recommandez receveront le fruict de leur esperance. Madame, vous soyez la très bien venue.
[Réponse de ladite dame. Harangue, du duc de Glise.] A quoy madicte dame a faict responce : it Mess", je remercye bien humblement le Roy et vous de l'honneur que vous me faictes, beaucoup plus grand qu'il ne m'appartient. Je vous asseure que en tous endroitz où j'aurav puissance de faire plaisir à la Ville, je le feray de très bon cueur."
Et ce faict, Monseigneur le duc de Guyse em­brassa plusieurs foys led. Prevost, luy disant :
"Monsr le Prevost, je suis grandement tenu à Mess™ de la Ville et à vous de l'honneur que vous m'avez aujourd'huy faict, et à mes enffans. J'en rendz graces à Dieu et aux hommes, et vous asseure que je ne m'espargneray jamais à faire plaisir à la Ville, soit en general ou en particulier, et vous en devez tenir pour bien asseurez. n
Mond, s1' le Prevost luy a faict responce :
"Monseigneur, la Ville ne sauroit jamais assez faire pour vous qui leur avez esté protecteur et seur rampart à la venue de l'Empereur, dont ilz vous demeureront perpetuellement tenuz et obligez. -
Et après plusieurs coups de canon tirez f2', sont en­trez en lad. Ville, en l'ordre qui s'ensuit :
L'ordre de lad. entrée.
Les bandes des archers, arbalestriers et hacque-butiers ;
Le train de Madame et de plusieurs Princes, sei­gneurs et gentilzhommes, qui luy avoient faict com­paignée et estoient allez au devant ;
Et après led. train, marchoient tous lesd, gentilz­hommes; et estoit toute la trouppe de quatre à cinq mil chevaulx;
Suyvoient lesd, gentilzhommes les sergens de Ia Ville, aucuns Conseillers et Quarteniers, et les Es­chevins et Prevost des Marchans, estans immediate­ment au devant de Messeigneurs les Cardinaulx de Vendosme '3' et de Guyse, Monseigneur le duc d'En-guyen'4', Loys'5', monsr son frere, Mess" de Mont­pensier'6', de Guyse, de Nevers'7', d'Aumalle, mar-
O Charles de Lorraine, cardinal de Guise, plus connu sous le nom de cardinal de Lorraine, archevêque de Reims, frère cadet du précédent, né à Joinville, le 17 février 1 524, mort à Avignon, le 26 décembre 1574.
(2) Claude Durant, canonnier ordinaire du roi, demeurant à Paris, fut chargé de faire tirer les salves d'artillerie et déboursa à cette occasion, aux frais de la Ville, seize livres quinze sols dix deniers tournois, "tant pour la Voicture de quelque nombre d'artillerie et boulletz, qui ont esté menés près la porte Sainct Anthoine et depuys ramenez... qui furent tirez le ive jour de decembre, à la reception de Madame la princesse de Ferrare, passant par ceste ville pour aller à Sainct Germain en Laye, ou estoit le Roy, ainsi que led. seigneur avoit verballement commandé et ordonné à mesdictz sieursn les Prevot des Marchands et Echevins. Claude Durand eut en outre quatre livres dix sols "pour ses peines et sallaires d'avoir eu la conduicte de lad. artillerie et boittes, ct icelles faict tirer, et depuys reserrer, tant en la Grange de lad. Ville que en l'Hostel d'icelle.. . - (Archives nat., KK 286, fol. 23).
i3' Charles, fils de Charles de Bourbon, comte de Vendôme, né à la Ferté-sous-Jouarre, le 22 décembre 1520, mort à Fontenay-le-Comte, le 9 mai 1590. Il fut successivement nommé évêque de Nevers (i54o), puis de Saintes ( 1.544), cardinal (i548), arche­vèque de Rouen (i55o), administrateur de l'évêché de Beauvais et enfin proclamé roi par les Ligueurs, sous le nom de Charles X.
W Jean de Bourbon, comte de Soissons et d'Enghien, frère du précédent, sixième fils de Charles, comte de Vendôme, et deFran-çoise d'Alençon, né à La Fère, le 6 juillet 1528, tué à la bataille de Saint-Quentin, le io août 1557.
(-) Louis, son frère, premier prince de Condé, né le 7 mai i53o à Vendôme, tué par Montesquiou à Jarnac (i3 mars 1569).
(-) Louis de Bourbon, duc de Montpensier, prince de la Roche-sur-Yon, dauphin d'Auvergne, né le io juin i5i3, mort le 22 septembre 1582. Il était fils de Louis, prince de la Roche-sur-Yon, et de Louise, sœur du connétable de Bourbon.
(" François I" de Clèves, duc de Nevers (i5i6-i562), était gouverneur de Champagne depuis l'année 1545. C'est en sa faveur qu'avait eu lieu ( 153g ) l'érection du comté de Nevers en duché-pairie.